Zone membre : Se connecter
Publié le: jeudi 21 mars 2013
Edité le: jeudi 21 mars 2013
La Société neuchâteloise des Vétérinaires (SNV) a fêté ses 104 ans le 9 février 2013. À cette occasion, un petit retour sur son histoire a été présenté lors d’une assemblée générale. On y a appris, entre autres, que les réunions avaient lieu « en tous les cas le dimanche », que l’on s’y rendait encore à cheval et qu’il y était bu « un nombre respectable de bouteilles ». Nos Confrères d’alors ont aussi fait la ferme résolution « de ne pas laisser les chimistes et les empiriques empiéter sur le terrain qui revient aux vétérinaires… ». Pour son 105ème anniversaire, la SNV va organiser en 2014 une exposition temporaire au musée paysan de la Chaux-de-Fonds sur l'histoire de la médecine vétérinaire. Nous vous y donnons d'ors et déjà rendez-vous!
Publié le: mercredi 13 mars 2013
L’ostéopathie vétérinaire :
Définition:
C’est à la fin du 19e siècle qu’un médecin américain, Andrew Taylor Still, a développé l’ostéopathie et fondé la première école. Cette technique a pour but d’aider le corps à retrouver une bonne mobilité, qui est la manifestation première de la vie. « C’est certainement parce qu’on est vivant que l’on bouge mais c’est surtout parce que l’on bouge que l’on reste vivant ». Cette mobilité permet la réharmonisation et le rééquilibrage de l’organisme, essentiels au maintien de sa capacité d’autorégulation et d’autoguérison et par là même, à son fonctionnement optimal. La santé est un état d’équilibre, une perpétuelle oscillation. Tout élément de structure doit être libre d’osciller autour d’une position moyenne.
Mais que signifie « ostéopathie » ? En grec, « Ostéo » = os. « Pathie » peut vouloir dire « maladie » mais aussi « sensible à, effet venant de », comme dans le mot « télépathie » = « sensible à distance ». C’est dans ce deuxième sens qu’il faut interpréter « Ostéopathie », c’est-à-dire : « effet venant des os » ou « l’influence des os en relation avec la maladie, la cause et le remède ». L’ostéopathie est donc une méthode manuelle, puisque l’on traite par le squelette.
C’est également une médecine « holistique», c’est-à-dire qu’au lieu de considérer l’organe malade de façon isolée, elle considère l’organisme dans sa totalité: elle s’appuie sur le principe fondamental de l’unité de corps :
L’organisme est une unité, chacune de ses parties vit pour et par l’ensemble : toutes les structures qui constituent l’organisme sont reliées entre elles et peuvent communiquer grâce à divers systèmes très performants tels le système nerveux, le système hormonal, les systèmes circulatoire et respiratoire, le système des fascia (= membranes fibreuses enveloppant toutes les structures du corps, telles que muscles, organes,…).Ceux-ci informent, rectifient, ordonnent, nourrissent et évacuent les déchets. Aussi longtemps que ces systèmes de communication sont intacts, l’organisme garde un équilibre biologique (= « homéostasie ») et peut fonctionner correctement. La perturbation du moindre élément de cette unité met en péril l’équilibre général synonyme de « bonne santé ». On peut comprendre dès lors l’étroite relation entre structure et fonction : le blocage d’une zone de la colonne vertébrale va entraîner une compression des nerfs dans cette région et donc une perturbation des fonctions organiques. Et inversement, un organe dont la fonction est perturbée aura également une altération de sa structure.
Comment travaille le vétérinaire ostéopathe :
Le travail se déroule en 2 temps : le diagnostic et le traitement.
Pour le diagnostic, il utilise diverses techniques de palpation et d’écoute manuelle (tests de mobilité articulaire, tissulaire, ou ressentis plus subtils). Il localise les zones de restriction de mobilité, nommées lésions ostéopathiques ou « blocages » en langage populaire (*). Puis il les hiérarchise pour ne traiter ensuite que les lésions principales ou « primaires ». En effet, la libération d’une lésion primaire va automatiquement lever les blocages qui lui sont secondaires. Les lésions ostéopathiques peuvent toucher les articulations de la colonne ou des membres, ainsi que le crâne et les organes. Pour le traitement, le vétérinaire ostéopathe dispose de techniques de manipulations directes, dites structurelles (réajustement mécanique fait directement sur la structure bloquée) ou indirectes, dites fluidiques (le travail se fait autour de la structure en souffrance, pour la libérer en douceur en rétablissant la circulation des liquides).
Le choix de la technique sera adapté à la fois au patient (une technique indirecte sera mieux supportée par un animal âgé, une technique directe ou structurelle conviendra bien à un animal jeune et impatient), et à la structure cible (les techniques fluidiques sont parfaitement indiquées pour les organes.
De même, on peut faire un lien entre médecine traditionnelle chinoise dite MTC et ostéopathie.
Les trajets des méridiens suivent les membres et la colonne vertébrale où l’on retrouve des points capitaux en MTC pour les différentes fonctions organiques. De même aux articulations des carpes, coudes, jarrets et genoux se situent des points clés agissant sur l’énergie des méridiens.
Il est simple de comprendre qu’en libérant une vertèbre ou un coude on agit également sur les méridiens.
Donc, indirectement ou non, un ostéopathe fait de l’acupuncture lorsqu’il travaille sur une articulation bloquée ou qu’il détend des zones para-vértébrales bloquées, car à ce moment l’énergie du méridien est aussi libérée par la manipulation.
Cet aspect de l’ostéopathie nous permet aussi de comprendre que l’on agit d’une manière holistique sur nos patients, d’un point de vue structurel aussi bien qu'organique.
Quelle que soit la technique choisie, l’objectif est toujours le même : rétablir la mobilité et une bonne circulation pour que l’organisme retrouve son équilibre.
(*) A propos de langage populaire : on entend fréquemment parler de « se démettre une articulation » et de « se sortir un nerf » et, dans la suite logique, « se faire remettre un nerf en place » : ce sont des abus de langage; il serait plus adéquat de parler d’articulation bloquée dans sa mobilité et de nerf comprimé.
Indications :
-Toute perturbation du mouvement avec ou sans douleur : posture ou démarche anormale, raideur, boiterie, problème de dos, difficulté pour certains mouvements, perte de performance dans le sport ou le travail.
- En complément à la chirurgie, ou comme alternative à cette dernière, lorsqu’une opération n’est pas envisageable (animal trop âgé ou coût de l’intervention trop élevé).
- Dans certains troubles métaboliques : diarrhée chronique, constipation, toux, otites, maux de tête, incontinence, infertilité, perturbation des chaleurs.
- Dans certains problèmes dermatologiques (eczéma,…)
Contre-indications :
Voici en exemples quelques cas rencontrés:
- Caramel, chat européen de 14 ans, a été shooté par une voiture et est resté caché pendant 3 jours. Il rentre finalement à la maison en hurlant de douleur car il n’arrive plus à uriner ni faire ses selles spontanément. Emmené d’urgence chez le vétérinaire, celui-ci lui vidange la vessie et lui donne les premiers soins. C’est l’arrière-train qui est touché, avec d’importantes douleurs dorsales, et des plaies sur la cuisse gauche et la queue: selon l’évolution, une amputation de la queue sera peut-être nécessaire. Le vétérinaire propose aux propriétaires d’essayer l’ostéopathie. Lorsque je vois Caramel pour la première séance, il a uriné spontanément pour la première fois la veille et l’accident remonte à une semaine. A l’examen ostéopathique, les principales lésions se situent en régions thoraco-lombaire (= fin des vertèbres thoraciques début des vertèbres lombaires) et lombosacrée (=fin des vertèbres lombaires et sacrum), de même que l’articulation sacro-iliaque gauche. La queue est en torsion sur la gauche et douloureuse au toucher. Les manipulations ostéopathiques de type fluidique sont bien appréciées sur le dos, mais peu tolérées au niveau de la queue. Une deuxième séance 6 jours plus tard permet d’approfondir et de bien terminer le travail, notamment au niveau de la queue qui est beaucoup moins douloureuse. La plaie cicatrise bien et ne montre aucun signe de nécrose. Caramel va déjà beaucoup mieux et sort à nouveau normalement.
-Lisa, lapin nain femelle d’un an, avec déchirure des ligaments croisés au genou suite à des jeux avec un enfant. En traitement ostéopathique, l’on trouve une grosse torsion sur le genou et une réaction plus en avant au niveau de la nuque entre la dernière vertèbre cervicale et la première dorsale. Après 2 séances, la lapine reposait son postérieur et marchait sans gène.
Laetitia Clerc,vétérinaire, diplômée de l’école d’ostéopathie animale IMAOV,2010
Nathalie Leuba-Greber, vétérinaire ,diplômée de l’école d’ostéopathie animale IMAOV, 1998.